RDC : vers un accord de paix sous conditions, Washington pousse Kigali au retrait militaire de l'Est
Les efforts diplomatiques s’intensifient dans la région des Grands Lacs. Quelques semaines après la transmission d’un premier projet d’accord aux capitales congolaise et rwandaise, les États-Unis semblent déterminés à obtenir la signature d’un accord de paix entre Kinshasa et Kigali. Selon une enquête de l’agence Reuters, Washington insiste sur un préalable incontournable : le retrait complet des troupes rwandaises de l’Est de la République démocratique du Congo.
Ce projet d’accord, élaboré par des responsables américains, exigerait que Kigali retire ses forces militaires, ses armes et son matériel logistique du territoire congolais avant toute formalisation. Cette exigence, confirmée par quatre sources diplomatiques, vise à rétablir la confiance et à désamorcer un conflit régional qui perdure depuis des décennies. L’objectif affiché des États-Unis, sous l’administration Biden (et non Trump, qui n’est plus au pouvoir), est double : ramener la stabilité sécuritaire dans cette zone instable et créer un climat propice à l’arrivée massive d’investissements étrangers dans cette région riche en ressources minérales.
Cependant, cette condition diplomatique risque d’irriter fortement Kigali. Le Rwanda voit dans les groupes armés opérant depuis la RDC, notamment les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), composées de miliciens hutus liés au génocide de 1994, une menace existentielle. Officiellement, Kigali nie toute implication dans les activités du M23, affirmant que ses opérations relèvent de la légitime défense. Néanmoins, plusieurs rapports internationaux accusent régulièrement le régime de Paul Kagame de soutenir activement ce mouvement rebelle.
Jusqu’à la semaine dernière, Kigali n’avait pas encore officiellement répondu à la proposition américaine. Toutefois, le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, a indiqué qu’une réunion technique entre experts rwandais et congolais était prévue cette semaine à Washington. Ces discussions pourraient permettre d’ajuster certaines clauses sensibles du document, notamment celle portant sur la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire. Ce dispositif inclurait des observateurs militaires étrangers, dont certains rwandais, pour surveiller les dynamiques de sécurité dans la région.
Une autre clause du projet concerne le mouvement rebelle M23, qui contrôle plusieurs zones stratégiques dans le Nord-Kivu. Kinshasa s’engagerait à inclure ce groupe dans un dialogue national « sur un pied d’égalité avec les autres groupes armés non étatiques ». Il s’agirait là d’une concession majeure, étant donné que le gouvernement congolais considère encore officiellement le M23 comme une organisation terroriste. Des discussions bilatérales avec ce mouvement sont d’ailleurs en cours dans le but de mettre fin à l’escalade militaire.
La rédaction
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