RDC : quand le silence aurait mieux valu que le mépris

Goma [Tribune d’Espoir Rubenga]

Il est des propos qu’un élu de la Nation ne devrait jamais prononcer, surtout lorsqu’ils ont pour effet de jeter l'opprobre sur des compatriotes contraints à l’exil intérieur, réfugiés depuis plus de cinq mois à la base de la MONUSCO à Goma — non par choix, mais par instinct de survie. Le député national Amisi Makutano vient de tenir des propos qui choquent, qui blessent, et qui révèlent, hélas, un profond déni de la réalité tragique vécue à l’Est du pays.

Déclarer que les civils retranchés à la base de la MONUSCO « ne représentent rien » en termes de poids pour être menacés par le M23, ce n’est pas seulement faire preuve d’une ignorance crasse. C’est cracher sur la mémoire des morts, des femmes violées, des enfants massacrés, et sur l'engagement de ceux qui, au péril de leur vie, ont refusé de trahir la République.

Parmi ces civils se trouvent des acteurs politiques de premier plan, des agents des services spécialisés, des leaders communautaires, des militants des droits humains — tous ciblés par les rebelles du M23 pour leur engagement, leur influence et leur refus de collaborer avec l'ennemi. Leur seule faute : avoir dit non à la compromission et à la reddition. Leur refuge à la base onusienne est un acte de résistance, non de faiblesse.

Que le député Makutano choisisse de les humilier publiquement, alors qu’il n’a connu ni les alertes de minuit, ni les détonations dans les quartiers de Goma, ni les pressions, ni les tentatives d’enlèvement, ni les injonctions à collaborer, relève d’une insulte grave à l’histoire contemporaine du Nord et du Sud-Kivu.

Pendant que nous, ici, tenions les lignes citoyennes et dénoncions les infiltrés, Makutano était à Kinshasa, probablement bien installé, sans jamais s’être soucié des conséquences de cette guerre sale sur les civils. Aujourd’hui, il ose venir donner des leçons de « poids politique » à ceux qui ont risqué — et parfois perdu — leur vie pour protéger la République.

Il ne s’agit pas ici d’un simple dérapage verbal. Il s’agit d’un positionnement politique inquiétant, qui dédouane indirectement les rebelles du M23 des violations graves des droits humains qu’ils commettent chaque jour. Et cela, de la part d’un cadre de l’UDPS, parti présidentiel censé incarner la résistance démocratique et la défense du peuple.

Nous tenons à informer le Chef de l’État, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, de ces propos inacceptables. Un député qui méprise les civils menacés, qui banalise les crimes des ennemis de la République, ne peut plus prétendre représenter les aspirations d’un peuple en souffrance.

L’histoire retiendra que, pendant que certains se battaient pour sauver l’honneur de la Nation, d’autres sabotaient la mémoire, la vérité et la dignité.

« Ce sont des hommes comme Makutano qui affaiblissent le combat du Chef de l’État. Ils ne doivent plus jamais avoir voix au chapitre lorsqu’il est question du Kivu ou de la sécurité nationale. »
— Un déplacé civil, depuis la base de la MONUSCO à Goma.

La rédaction


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