RDC : « Le Rwanda, un petit pays sous "perfusion" internationale », Professeur Isaac Jean-Claude Tshilumbayi
« Le Rwanda est un petit pays sous perfusion », a déclaré le professeur Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, premier vice-président de l’Assemblée nationale, au cours d’un entretien accordé ce samedi 29 mars 2025 sur les ondes de la RTNC, dans l’émission Question d’Actualité, animée par Oscar Mbal Kahij.
Invité à s’exprimer sur les enjeux politiques et diplomatiques du moment, l’élu de Luiza, dans le Kasaï-Central, a livré une analyse sans complaisance des relations entre la RDC et son voisin de l’Est, le Rwanda. De la situation sécuritaire à la diplomatie, en passant par les consultations politiques en cours et la gouvernance, le professeur Tshilumbayi n’a éludé aucun sujet.
Selon lui, le Rwanda, présenté à tort comme un modèle de stabilité en Afrique, n’a aucune leçon à donner à la République démocratique du Congo. « C’est un pays qui ne survit que grâce à l’aide internationale », a-t-il soutenu. À l’en croire, la RDC est aujourd’hui engagée dans une diplomatie active, similaire à celle que le Rwanda a déployée pendant trois décennies.
« Nous sommes en train de faire ce que le Rwanda a fait durant ces 30 dernières années. Il sillonnait le monde pour propager des mensonges sur le Congo et ses richesses. À l’époque, nos dirigeants étaient même interdits de parole dans certaines tribunes internationales... Le pays était alors dirigé par une sorte de préfecture rwandaise. Aujourd’hui, c’est nous qui reprenons l’initiative, nous sommes présents partout pour déconstruire cette narration fallacieuse », a-t-il expliqué.
Poursuivant son propos, le professeur Tshilumbayi a affirmé avoir accompagné les autorités congolaises dans plusieurs capitales étrangères pour porter la voix du Congo. « J’étais à Bruxelles, à Paris, à Cuba, à Revane... Nous les suivons partout. Nous tenons à dire à tous ceux qu’ils ont abusés que le Rwanda n’est pas ce qu’il prétend être : c’est un prédateur. Il n’a ni gouvernance, ni démocratie, ni respect des droits humains. »
Le professeur s’est également étonné de la propension du président rwandais, Paul Kagame, à commenter la situation congolaise, alors même que les libertés sont, selon lui, absentes dans son propre pays. « Kagame parle de tout ce qui concerne le Congo, comme si nous étions une province de son pays. Pourtant, chez lui, on n’ose même pas évoquer certains sujets sensibles. L’exemple du sénateur américain Ronny Jackson est éloquent : au Rwanda, il n’a rencontré que l’“empereur”. En RDC, il a pu circuler librement. Cela montre bien que nous sommes une démocratie », a-t-il souligné.
Revenant sur le contexte régional, Tshilumbayi a estimé que le narratif rwandais s’essouffle et que la vérité finit par émerger.
« Nous sommes en train de rétablir la vérité sur ce conflit, mais aussi sur la réalité rwandaise, qui n’a rien d’un modèle. C’est une prédation honteuse, digne d’une époque révolue. J’ai entendu le président Kagame dire qu’il n’a pas peur des sanctions internationales. Tant mieux ! Nous espérons qu’elles se concrétiseront. Nous verrons alors combien de temps le Rwanda pourra tenir. À Doha, son arrogance avait disparu lorsqu’il a été convié au sommet de Luanda. Il a compris que son jeu, qu’il croyait habile, a été démasqué. »
Et de conclure : « Nous ne lâcherons rien. Lui est déterminé à nuire, mais nous, nous sommes chez nous. Nous défendrons notre pays diplomatiquement, militairement s’il le faut. »
Dans la foulée, le professeur Tshilumbayi a salué les efforts du président Félix Tshisekedi, qu’il décrit comme « un homme qui se bat jour et nuit pour redonner à la RDC sa place sur l’échiquier diplomatique ». Il a également rendu un vibrant hommage à la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, pour « le travail remarquable qu’elle accomplit au service de la nation ».
Paul Claudel Kamukenj
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