RDC : CMOC investit plus d’un milliard de dollars pour renforcer sa domination sur le cuivre et le cobalt

Le géant minier chinois China Molybdenum Company Limited (CMOC Ltd.) poursuit sa montée en puissance en République démocratique du Congo (RDC) avec un investissement colossal de 1,08 milliard de dollars destiné à l’expansion de sa mine de Kisanfu, située dans la province du Lualaba.

Selon l’agence Bloomberg, cet investissement, dont la deuxième phase d’exploitation devrait s’achever en 2027, vise à accroître la production annuelle de cuivre de 100 000 tonnes supplémentaires, consolidant la place du groupe parmi les leaders mondiaux du secteur.

Une croissance soutenue par des chiffres records

L’année 2025 s’annonce comme l’une des plus florissantes pour CMOC. Le groupe a enregistré, au troisième trimestre, des bénéfices estimés à 5,61 milliards de yuans, soit environ 788 millions de dollars, en hausse de près de 100 % par rapport à 2024.
Durant les neuf premiers mois, CMOC a produit 543 376 tonnes de cuivre, soit une progression de 14 %.

Selon son président exécutif Wei Hong, cette expansion illustre la confiance du groupe dans le potentiel de la RDC : 

« Cet investissement à Kisanfu renforcera notre capacité à répondre à la demande mondiale en cuivre et en cobalt, tout en consolidant notre rôle stratégique sur le continent africain. »

Un environnement réglementaire plus exigeant

Le gouvernement congolais a, début 2025, instauré des restrictions temporaires à l’exportation du cobalt brut, exigeant une transformation locale. CMOC n’est autorisée à exporter que 27 % des 114 000 tonnes produites l’an dernier.
Cette mesure, censée encourager la création d’emplois et la valorisation nationale, a paradoxalement contribué à faire grimper les prix mondiaux : le cobalt métal a doublé et l’hydroxyde de cobalt a triplé.

CMOC, premier bénéficiaire de cette rareté, renforce ainsi sa rentabilité et consolide son statut de leader mondial du cobalt, ayant dépassé Glencore avec une production record de 55 526 tonnes en 2023, soit une hausse de 170 %.

Entre dépendance et opportunité

La présence massive de CMOC en RDC symbolise la mainmise économique croissante de la Chine sur les ressources africaines stratégiques. Pour Kinshasa, cette coopération est à la fois une opportunité de croissance et un défi de souveraineté.

Les autorités congolaises plaident pour une transformation locale du cuivre et du cobalt, afin de capter plus de valeur ajoutée et de créer des emplois durables. La mise en place de zones économiques spéciales et d’unités de traitement locales s’inscrit dans cette logique.

Cependant, malgré les recettes minières importantes, les retombées sociales demeurent limitées pour les populations des zones minières. Les observateurs appellent à plus de transparence et à une redistribution équitable des revenus issus du sous-sol congolais.

En investissant massivement à Kisanfu, CMOC confirme sa stratégie d’expansion et son influence sur le marché mondial des métaux de la transition énergétique.
Mais pour la RDC, le véritable enjeu reste de transformer cette domination étrangère en levier durable de développement national.

La rédaction


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