Politique : « Vous continuez à prêcher le dialogue comme si ces dialogues successifs avaient déjà arrêté les larmes et les balles » — Espoir Rubenga à Vital Kamerhe
L’acteur politique Espoir Rubenga, originaire du Kivu, a adressé une lettre ouverte au président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, dans laquelle il remet en cause la pertinence des dialogues politiques successifs organisés en République démocratique du Congo.
En effet, dans cette lettre parvenue à notre rédaction ce samedi 23 août 2025, dès l’entame, Espoir Rubenga adopte un ton critique :
« Fils du Kivu, fils de ces collines qui pleurent, vous connaissez mieux que quiconque la douleur de cette terre. Pourtant, alors que le Kivu saigne chaque jour davantage, vous continuez à prêcher le dialogue comme si ces dialogues successifs avaient déjà arrêté les larmes et les balles. »
Selon lui, les multiples pourparlers tenus ces dernières décennies n’ont produit que des frustrations et des divisions.
« Combien de dialogues avons-nous connus dans ce pays ? Des dizaines. Et que nous ont-ils laissé, sinon des plaies béantes ? Toujours la même stratégie : prendre les armes, semer la mort, exiger un dialogue, puis obtenir des postes au détriment du peuple martyr », écrit-il.
E. Rubenga accuse certains leaders politiques de la région d’avoir contribué à l’affaiblissement du Kivu en privilégiant leurs ambitions personnelles. Il cite la chute de Goma et de Bukavu, attribuée non seulement à la trahison militaire mais aussi, selon lui, à la complicité de certaines personnalités locales.
« N’est-ce pas cela, Honorable, la vérité amère ? Le dialogue n’était qu’un alibi. L’objectif était clair : ouvrir la porte des institutions à coups de cadavres et de ruines », insiste-t-il.
L’acteur politique estime que l’appel de Vital Kamerhe à un nouveau dialogue national ne fait que répéter les mêmes erreurs.
« Mais qu’apporterait celui-ci que les précédents n’ont pas déjà trahis ? N’est-ce pas une insulte aux milliers de vies sacrifiées, aux veuves, aux orphelins, aux déplacés, aux femmes violées, aux enfants arrachés à leur enfance ? »
Se présentant comme « enfant du Kivu », Rubenga affirme parler au nom de ceux qui vivent quotidiennement les violences.
« Jamais je n’accepterai de me ranger aveuglément du côté de cette histoire où les larmes du peuple deviennent la monnaie d’échange pour quelques ambitions égoïstes », écrit-il encore.
Il conclut sa lettre par une interpellation directe à Vital Kamerhe :
« Que cache réellement votre appel au dialogue ? Est-ce la paix véritable que vous cherchez, ou l’éternelle redistribution des places au sommet, pendant que les nôtres meurent au pied des collines ? »
Pour cet acteur et militant des Droits humains, la solution n’est plus dans des compromis politiques répétés.
« Le Kivu n’a plus besoin de dialogues vides. Le Kivu a besoin de vérité, de justice et de courage », tranche-t-il.
La rédaction
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