Politique : Francine Muyumba dénonce une tentative illégale de fragiliser Kabila
Le Sénat congolais s’est retrouvé au cœur de l’actualité nationale. Les sénateurs étaient appelés à se prononcer sur le réquisitoire de l’auditeur général des FARDC, sollicitant la levée des immunités de Joseph Kabila, ancien président de la République, soupçonné de collusion avec le mouvement politico-militaire de l’Alliance Fleuve Congo (AFC). Une démarche judiciaire qui soulève une vague d’indignation au sein de la classe politique, notamment dans les rangs du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD).
Parmi les voix dissonantes figure celle de Francine Muyumba. L’ex-sénatrice et cadre du PPRD conteste vigoureusement la compétence du Sénat dans cette procédure. Elle estime que l’institution, le Sénat donc, ne dispose d’aucun fondement légal pour remettre en cause les privilèges conférés à Kabila en tant qu’ancien chef de l’État.
« Les immunités dont bénéficie Joseph Kabila sont issues d’une loi spécifique relative aux anciens présidents, indépendamment de son statut de sénateur. Le Sénat n’a donc aucune légitimité pour lever cette protection. La demande aurait dû être rejetée dès l’étape de la recevabilité », a-t-elle réagi sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Francine Muyumba voit dans cette tentative une dérive institutionnelle lourde de conséquences pour la stabilité politique du pays. Par conséquent, elle met en garde contre un affaiblissement de l’État de droit et la montée des tensions internes, à un moment où la République démocratique du Congo, dit-elle, « a un besoin impérieux de cohésion et de paix ». Elle déplore par ailleurs un gouvernement qui « choisit d’attiser les clivages au lieu de construire des passerelles de réconciliation nationale ».
Le débat dépasse le cadre partisan. Me Laurent Onyemba, avocat de plusieurs figures de l’opposition telles que Moïse Katumbi et Matata Ponyo, repris par Actualité.CD, partage cette position. Pour lui, cette procédure marque « un recul démocratique sans précédent » et constitue une manœuvre politique aux conséquences potentiellement désastreuses. Dans une publication sur X, il va jusqu’à comparer le PPRD – que Kinshasa souhaite désormais dissoudre – à l’UDPS de Tshisekedi, qualifiant les deux partis de « patrimoines politiques nationaux ».
Pendant ce temps, Joseph Kabila reste dans le viseur de la justice congolaise. Après avoir été pointé du doigt à plusieurs reprises par le président Tshisekedi comme instigateur de l’AFC, il fait face à des actions concrètes : perquisitions dans ses résidences à Kinshasa et dans sa ferme de Kundelungu, saisie de ses biens, et restitution du siège du PPRD à son ancienne propriétaire, dans un dossier de spoliation, selon les autorités.
La dernière apparition publique de l’ancien président remonte à une rencontre avec Olusegun Obasanjo, ex-président nigérian. Son absence prolongée alimente rumeurs et spéculations, notamment sur une prétendue présence à Goma, évoquée dans une rumeur ayant circulé sur les réseaux sociaux.
Le PPRD crie à la persécution. Son secrétaire général adjoint, Ferdinand Kambere, a dénoncé dans une interview à nos confrères d’ACTUALITÉ.CD « des décisions arbitraires » dictées par des motifs politiques, voire émotionnels, et reposant, selon lui, sur des informations non vérifiées.
La rédaction
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