Nord-Kivu et Ituri : une double peine entre balles et famine
Les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo, traversent actuellement une crise humanitaire d’une ampleur inquiétante. Les violences armées entre groupes rebelles, milices communautaires et forces régulières ont conduit à des déplacements massifs de populations, laissant des centaines de milliers de civils dans une détresse totale.
Dans le Nord-Kivu, les combats opposant les FARDC aux rebelles du M23 ont connu une intensification marquée depuis janvier 2025. Selon les données consultées par InfoPlus.cd, plus de 700 000 personnes ont fui leurs villages pour trouver refuge à Goma et dans ses environs. Ces déplacés, vivant dans des camps de fortune, manquent cruellement de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux et d’abris décents.
À Goma, notre reporter a constaté l’état d’abandon dans lequel vivent les populations. Dans le camp de Bushagara, une mère de six enfants témoigne :
« Depuis deux semaines, nous n’avons reçu aucun sac de riz, ni de savon. Les enfants tombent malades et il n’y a même pas de centre de santé dans le camp. Nous sommes livrés à nous-mêmes. »
En Ituri, les zones de Djugu, Fataki, Linga et Rethy sont sous le feu des exactions des milices CODECO et ADF. D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), environ 300 000 personnes y sont privées d’aide humanitaire en raison de l’insécurité, alors que les ONG ont suspendu leurs interventions dans plusieurs zones rouges, laissant les habitants sans secours. Selon le constat fait par notre correspondant en Ituri, la crise humanitaire est exacerbée dans une partie du territoire de Djugu par des attaques répétées de la milice CODECO contre la force conjointe FARDC-UPDF dans la région de Bule, où de nombreux déplacés sont entassés dans des camps et manquent d’abris et de nourriture.
Des centres de santé ont également été ciblés. À Djugu, des hommes armés ont pillé l’hôpital local, détruisant les stocks de médicaments et forçant le personnel médical à fuir. À Goma, les hôpitaux CBCA Ndosho et Heal Africa ont été partiellement attaqués début mars ; des patients y ont été enlevés.
Malgré les alertes, les autorités locales et le gouvernement central peinent à réagir efficacement. Les organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières appellent à un couloir humanitaire sécurisé et à une réaction internationale urgente pour éviter une catastrophe majeure.
InfoPlus.cd reste en alerte et continue de documenter cette tragédie silencieuse à travers ses correspondants dans l’est du pays.
Samuel Atido, espace Est de la RDC
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