Massacres à Kwamouth : Le collectif des intellectuels Teke appelle à la fin du génocide et à la restauration de la paix
Dans une déclaration rendue publique récemment à Kinshasa, et dont le journal en ligne InfoPlus.cd a pris possession en début de semaine, le collectif des intellectuels Teke issus du territoire de Kwamouth a, dans son message adressé au monde, interpellé le gouvernement congolais sur l’assassinat, le génocide ou l’ethnocide perpétré depuis juin 2022 par la milice Mobondo, essentiellement composée de populations Yaka et de leurs sous-groupes du Kwango, contre le peuple Teke, réparti à travers le grand Bandundu (notamment au Kwilu à Bagata, au Maï-Ndombe à Kwamouth et à Kinshasa, dans la commune de Maluku).
Hélas ! Dans cet holocauste humain, la milice Mobondo a choisi d’exterminer systématiquement la population Teke sur la carte de la République Démocratique du Congo, et ce, comme une manière de remettre en cause l’autorité de l’État congolais, dans sa mission noble et sacrée, qui lui est attribuée par la Constitution, de protéger toutes les tribus présentes sur son sol afin de promouvoir la cohésion nationale et sociale, mais aussi de pérenniser les acquis de la diversité culturelle.
"Depuis juin 2022, deux ans jour pour jour, le territoire de Kwamouth est victime des violences orchestrées par la milice Mobondo, constituée essentiellement d’insurgés Yaka. Ayant pour prétexte des redevances coutumières, semble-t-il exagérées, ces assaillants ont mis en œuvre leur plan vil de conquête de terres. Sur le terrain, le bilan est catastrophique : les Teke sont fusillés, décapités, mutilés et brûlés. Un génocide, qui ne dit pas son nom, auquel s’ajoute un lourd bilan social : des infrastructures sociales, scolaires et hospitalières sont vandalisées, pillées et brûlées", apprend-on à travers leur lettre ouverte.
Ils poursuivent : "Les habitants des rares villages encore en place ne peuvent plus accéder à leurs grandes forêts. Ils sont piégés tant sur l’axe du fleuve Kasaï que sur la route nationale n° 17, devenue le théâtre de tueries. Pas plus tard que la semaine dernière, des Teke enfermés dans des maisons comme prisonniers de guerre ont été brûlés vifs. Même les éléments de l’armée, commis à la protection des populations, en paient les frais. Du reste, ces éléments ne vont pas en profondeur dans les forêts où trônent les ‘Mobondo’, faute de consignes, dit-on. Sur le plan politique, face à une telle instabilité, le territoire de Kwamouth n’a pas eu droit aux élections présidentielles, législatives ou territoriales organisées par la Commission électorale nationale indépendante en décembre 2023", expliquent-ils.
Ce collectif salue les différentes initiatives de paix amenées par le Gouvernement de la République, notamment le dialogue entre les chefs coutumiers Yaka et Teke, à la demande expresse du Chef de l’État, et tout récemment la désignation, par le Président, de Son Excellence Marco Banguli, un grand leader Teke, pour rechercher des solutions en vue d’une paix durable entre ces deux communautés. Cependant, ils déplorent les tueries qui continuent de se perpétrer.
Dans leur déclaration, cette élite Teke formule plusieurs recommandations au gouvernement congolais pour parvenir à une paix durable pour leur population, aujourd’hui ruinée par la guerre et vivant dans un profond désarroi :
1. Considérer la gravité de ces atrocités, qui n’ont que trop duré, et y apporter une vigoureuse réaction, notamment par un déploiement massif de militaires dans tous les recoins du territoire de Kwamouth pour traquer ces extrémistes et rétablir la sécurité ;
2. Engager des poursuites judiciaires contre les insurgés (miliciens) appréhendés et leurs instigateurs, afin de dissuader de telles atrocités ;
3. Assurer un accompagnement social aux populations déplacées, pour leur permettre de se réinstaller avec un minimum de sécurité sociale ;
4. Faciliter le retour des chefs coutumiers et de leurs populations dans leurs villages, en leur fournissant un accompagnement par la police et/ou les militaires ;
5. Réhabiliter les infrastructures sociales, scolaires et hospitalières ;
6. Associer les élus et leaders d’opinion de Kwamouth aux différentes missions de pacification et d’accompagnement social ;
7. Accélérer l’asphaltage de la route nationale n° 17, pour la rendre fluide et limiter ainsi l’ampleur des atrocités qui s’y commettent.
Cette élite se mobilise avec ferveur pour défendre, par la force de l’intelligence et du dialogue, le peuple Teke face à cet holocauste humain orchestré par la milice Mobondo. Ils clament, avec la même détermination qu’une cigale qui chante ses dernières énergies, leur refus de l’anéantissement de leur peuple, réputé pour son hospitalité légendaire.
L’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch, l’Union africaine, l’Union européenne, et d’autres organisations internationales sont exhortées à considérer la milice Mobondo comme une organisation terroriste, à l’instar d’Al-Qaïda, des Talibans, de Boko Haram ou de l’État islamique.
Enfin, un appel est lancé à toutes les élites Tio (Teke), notamment celles du Gabon et du Congo-Brazzaville, pour se réunir et dire d’une seule voix : "Non à l’assassinat de notre peuple !"
Barca Horly Fibilulu
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