Littérature : Adieu à Valentin-Yves Mudimbe, maître de la pensée africaine
Le monde vient de perdre un monument. Valentin-Yves Mudimbe, que beaucoup connaissaient sous le nom de Vumbi Yoka, s’en est allé ce mardi 22 avril 2025 en Caroline du Nord, aux États-Unis. Mais à l’heure où son souffle s’apaise, sa pensée, elle, reste vive, libre et plus pertinente que jamais.
Philosophe, linguiste, écrivain, poète, sociologue, anthropologue, Vumbi Yoka n’était pas qu’un intellectuel : il était un continent à lui seul. Il pensait l’Afrique avec exigence et amour, la déconstruisait pour mieux l’inventer. Son œuvre majeure, The Invention of Africa, reste l’un des fondements des études postcoloniales, une boussole pour penser notre identité loin des stéréotypes et des récits imposés.
Depuis Lubumbashi jusqu’aux amphithéâtres de Stanford, Haverford ou Duke University, il a semé une graine de rigueur et d’audace intellectuelle. L’Université de Lubumbashi, son port d’attache en terre congolaise, se souviendra toujours de son passage comme d’un âge d’or de la pensée critique.
V.-Y. Mudimbe, c’était aussi une plume subtile, dense, poétique. Il écrivait avec la précision du philosophe et la tendresse du poète. Il enseignait avec la discipline d’un moine et la passion d’un prophète.
Loin d’être un simple érudit, il fut un guide pour des générations d’étudiants, de chercheurs, de rêveurs. Son héritage est immense, transdisciplinaire, inclassable. Une œuvre qui traverse les frontières, les langues, les disciplines.
À l’heure où son corps se tait, son esprit entre dans l’éternité des grandes consciences. Que son nom soit désormais inscrit non seulement dans les livres, mais aussi dans nos luttes, nos pensées, nos espérances.
Repos éternel, Professeur Mudimbe.
La rédaction
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