Le premier ambassadeur noir au Vatican : l’incroyable histoire oubliée de Ne Nsaku Ne Vunda
Depuis le samedi 26 avril 2025, date à laquelle le pape François – né Jorge Mario Bergoglio, ancien archevêque de Buenos Aires de 1998 à 2013 – a été enterré dans sa nécropole au sein de la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome, le regard du monde s’est à nouveau tourné vers ce lieu emblématique. Mais à côté de la sépulture du pape jésuite repose un fils du Kongo, un ambassadeur oublié de l’histoire officielle, Son Excellence Ne Nsaku Ne Vunda.
Comme le veut sa mission de mémoire et de transmission, la rédaction d’InfoPlus s’inscrit dans le sillage de l’actualité pour rappeler aux Congolais l’histoire de ce digne fils du pays, premier ambassadeur du prestigieux royaume Kongo auprès du Saint-Siège.
Récapitulation d’un parcours diplomatique et spirituel
Don Antonio Manuel Nsaku Ne Vunda, tel qu’il fut connu dans les annales européennes, est ce jeune diplomate pieux que le roi Álvaro II Mpanzu du royaume Kongo délégua en 1604 auprès du Vatican, avec pour mission d'établir des relations diplomatiques durables. Un message porteur de paix, mais aussi de dénonciation. Car cet homme d’Église, en avance sur son temps, portait déjà la voix d’un continent souffrant et osa alerter le pape Paul V sur les exactions et le caractère profondément non chrétien de la traite négrière.
Ce geste d’une rare audace fait de lui un précurseur du combat abolitionniste, bien avant son heure. Pourtant, l’histoire officielle ne lui rend guère justice, sinon un buste en pierre noire, sculpté par Stefano Maderno avec la collaboration de Francesco Caporale, commandité par le pape lui-même. Cette œuvre, encore visible dans la première chapelle à droite de la basilique Sainte-Marie-Majeure, demeure aujourd’hui l’un des rares témoignages tangibles de sa mission.
Le militant oublié de la dignité noire
Premier Noir du Kongo à rencontrer un pape au Vatican, Nsaku Ne Vunda, sous son nom de baptême Dom Antonio Manuel, marque l’histoire comme pionnier d’un plaidoyer pour la justice et l’égalité raciale. Il est l’une de ces figures africaines effacées des manuels scolaires, alors même qu’il portait l’une des voix les plus nobles de son époque. En tant que militant de la cause noire et de l’égalitarisme, il incarne une page glorieuse de notre diplomatie traditionnelle, trop souvent ignorée dans nos enseignements.
Un saint noir, mémoire spirituelle de la race
Aujourd’hui, dans les mouvements spiritualistes issus de la prédication kimbanguiste et autres courants enracinés dans l’héritage du royaume Kongo – traversant la RDC, le Congo-Brazzaville et l’Angola –, Ne Nsaku Ne Vunda est honoré comme un Nlongo, un ancêtre vénéré, un guide pieux et protecteur. Il est invoqué non seulement comme saint patron des diplomates, mais aussi comme médiateur dans les moments de litiges et porteur d’harmonie dans les palabres communautaires.
Voici un fils de la terre, une mémoire vive que l’école congolaise méprise encore d’enseigner. Et pourtant, comme le disait le tout premier Premier ministre du Congo indépendant, Patrice Emery Lumumba : « L’histoire de l’Afrique sera écrite par ses propres fils. »
Barça Horly Fibulu
Commentaires (0)