Kinshasa : le quartier Ndanu noyé une fois de plus après la pluie
Enclavé entre les quartiers Kingabwa et Salongo, toujours à Limete, et ceinturé par la digue de la rivière Ndjili, derrière Pétro-Congo et l’abattoir de Masina, le quartier Ndanu, à Limete, a été victime d’un débordement des eaux de la rivière Ndjili, aggravé par les fortes pluies tombées dans la soirée et la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril dernier. Cela a provoqué une inondation impressionnante, transformant le quartier en un véritable lac.
C’est presque un cratère d’eau qui a englouti cette cité, devenue quasi lacustre, au cœur de la ville de Kinshasa. Marqué dès sa naissance par un désordre architectural et construit de manière anarchique, le quartier de Ndanu, selon les spécialistes en géographie et urbanisme, ne devrait normalement pas être habité, si l’on se montrait un tant soit peu humain envers ses résidents.
Déjà frappé au début de l’année 2024 par la montée des eaux du fleuve Congo, le quartier a longtemps donné l’image d’un « Déluge de Noé ». Les habitants en sont devenus des spectateurs passifs d’une série dont chaque épisode est marqué par un nouveau naufrage. De plus, les habitations ignorent ici les principes de la géométrie et tournent le dos au rôle de l’INBT dans le pays. Les avenues et rues sont mal définies, les maisons sont construites sur des terrains marécageux : les habitants vivent ainsi sous une épée de Damoclès, exposés aussi bien aux eaux de la rivière Ndjili qu’aux pluies.
Selon les témoignages recueillis ce dimanche lors de la descente de notre reporter sur le terrain, les pirogues artisanales restent le seul moyen de transport pour les habitants.
La ville de Kinshasa, dans son ensemble, a été profondément affectée par cette pluie. Elle n’a pourtant pas été accompagnée de forts tonnerres ni d’éclairs impressionnants, mais elle a suffi à montrer aux autorités combien il est dangereux de négliger la prévention des catastrophes. Elle a ainsi coupé la ville « en tartines », selon une expression imagée, laissant derrière elle un bilan lourd. Selon la déclaration officielle faite ce jour par le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, Jacquemain Shabani, plus de 22 personnes ont perdu la vie et plusieurs autres ont été acheminées vers des centres de santé.
Pour paraphraser autrement Joachim du Bellay, célèbre poète français : « Malheureux celui qui, comme un habitant de Ndanu, a vécu une nuit cauchemardesque sous la pluie. »
Il est peut-être temps de proposer un fil d’Ariane pour mettre fin au refrain douloureux de ces habitants, qui vivent désormais l’inondation comme une maladie génétique.
Barca Fibilulu Mpia
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