Justice : l’Assemblée nationale donne le « feu vert » aux poursuites contre le ministre de la Justice
L’Assemblée nationale s’est prononcée ce dimanche 15 juin 2025 sur le sort judiciaire de Constant Mutamba Tungunga, ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux. À l’issue d’une séance à huis clos, la plénière a adopté le rapport de la commission spéciale chargée d’examiner le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation. Ce dernier sollicitait l’autorisation de poursuites judiciaires à l’encontre du ministre.
Sur les 363 députés présents, 322 ont voté en faveur des poursuites, 29 s’y sont opposés et 12 se sont abstenus. Conformément à la loi, Constant Mutamba devra présenter sa démission d’ici mardi matin pour se mettre à la disposition de la justice.
L’actuel ministre de la Justice est accusé d’avoir détourné près de 29 millions de dollars américains dans le cadre d’un projet controversé de construction d’un centre pénitentiaire à Kisangani.
Interrogeons le passé !
C’est plus qu’une simple décision. Il s’agit d’un événement rare dans la culture politique congolaise, où les membres du gouvernement sont rarement confrontés à la justice en plein exercice de leurs fonctions. En remontant l’histoire récente, peu de figures de l’exécutif ont été poursuivies sans bénéficier d’un parapluie politique. En ce sens, l’affaire Mutamba pourrait faire jurisprudence.
En 2021, le Sénat avait rejeté la demande de poursuites contre un ancien ministre accusé de malversations, illustrant alors les limites d’un système encore frileux face à la reddition des comptes. Aujourd’hui, la chambre basse semble ouvrir une nouvelle ère — du moins en apparence — en laissant la justice suivre son cours.
Mais au-delà de l’émotion du moment, une question s’impose : cet élan de « moralisation » de la vie publique survivra-t-il à l’épreuve du temps ou s’agit-il d’un simple ajustement politique dans un échiquier mouvant ? L’histoire, comme toujours, tranchera.
L’Infaillible
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