Joseph Kabila rompt le silence et accuse Félix Tshisekedi d’avoir trahi l’esprit de l’alternance démocratique
Joseph Kabila est sorti de son mutisme ce vendredi, après six années de silence, pour adresser une charge virulente contre son successeur à la tête de la République démocratique du Congo. Dans une déclaration solennelle diffusée sur la chaîne YouTube "Reconstruisons le Congo", l’ancien président a accusé Félix Tshisekedi d’avoir « dilapidé » l’héritage de la première alternance pacifique de l’histoire congolaise.
« Le Congo est gravement malade, et son pronostic vital est engagé », a-t-il lancé d’un ton grave, évoquant une gouvernance marquée par « l’ivresse du pouvoir sans limite », l’« effondrement des institutions », la « violation de la Constitution » et une « dérive dictatoriale ».
Pour Joseph Kabila, tout a basculé avec la rupture de la coalition FCC-CACH. « En 2019, nous avons tendu la main dans un esprit de compromis pour assurer le fonctionnement harmonieux des institutions. Mais en retour, nous avons eu un coup d’État institutionnel en décembre 2020 », a-t-il affirmé. Il dénonce également la nomination « illégale » des membres de la CENI et qualifie les élections de 2023 de « simulacre ».
L’ancien chef de l’État ne s’est pas limité à l’aspect politique. Il a aussi fustigé la gestion économique du régime en place. « Il y a une résurgence de l’inflation, une corruption galopante, une dette publique au-delà des dix milliards de dollars. Nos populations vivent dans l’asphyxie sociale. Nos jeunes sont livrés à eux-mêmes, sans perspectives, dans une angoisse existentielle permanente », a-t-il dénoncé.
Sur le plan sécuritaire, Joseph Kabila a accusé le gouvernement Tshisekedi d’avoir « sous-traité la sécurité à des groupes armés, des milices tribales et des mercenaires », contribuant à une « régionalisation du conflit » et à l’affaiblissement de l’armée congolaise. Il a également évoqué la tragédie de la prison de Makala, en septembre 2024 : « Des centaines de morts, sans justice. C’est un crime contre l’humanité », a-t-il martelé.
Face à ce qu’il qualifie de « dérive totale », Joseph Kabila propose un « pacte citoyen » axé sur douze priorités, parmi lesquelles la restauration de la démocratie, la fin de la tyrannie, le retrait des troupes étrangères et l’ouverture d’un dialogue national inclusif. « Il est temps pour le peuple congolais de se lever. Le sursaut patriotique est une urgence pour sauver notre nation », a-t-il conclu.
Le gouvernement, pour sa part, n’a pas encore réagi à ces déclarations retentissantes.
La rédaction
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