Ituri : plus de 800 victimes mutilées de guerre abandonnées à leur sort, l’AMAB lance un cri d’alarme
La coordinatrice de l'Association des Mamans Anti-Bwaki (AMAB), dont le siège social se trouve à Bunia, chef-lieu de la province de l'Ituri, s'inquiète de l'absence de prise en charge pour plus de huit cents (800) victimes mutilées de guerre, sur un total documenté de mille cent soixante (1 160) cas répartis dans huit (8) zones de santé.
Ce mercredi 5 mars, Béatrice Dive, coordinatrice de l'AMAB, a indiqué que seules trois cent trente-trois (333) victimes mutilées de guerre sur mille cent soixante (1 160) bénéficient d'une prise en charge psychosociale, médicale et socio-économique de la part de son organisation, en raison d’un manque de moyens financiers.
"Sur 1 160 victimes mutilées de guerre dans les zones de santé de Nizi, Bunia, Lita, Tchomia, Rwampara, Gety, Nyakunde et Mahagi-Ngote, seules 333 bénéficient de notre prise en charge, parmi lesquelles des victimes de torture et des femmes esclaves sexuelles", a-t-elle déclaré.
Béatrice Dive évoque l'insuffisance de ressources et l'inaccessibilité de certaines zones sous contrôle de groupes armés comme des facteurs aggravant la souffrance de cette catégorie vulnérable. Elle appelle les bailleurs de fonds du secteur de la santé à prêter une oreille attentive à cette situation.
"Nous allons demander aux autres bailleurs actifs, comme le HCR et l’OIM, de prendre cette situation en compte. Qu'ils investissent aussi dans la prise en charge de ces victimes, car cette assistance les soulage sur le plan moral et psychologique", a-t-elle recommandé.
Selon elle, plusieurs victimes mutilées de guerre souffrent encore dans des zones de santé où aucune documentation n’a été réalisée, alors que le nombre de cas signalés dans les huit (8) zones de santé est désormais estimé à plus de mille huit cents (1 800). Elle plaide pour l'arrêt des atrocités et la restauration de l'autorité de l'État sur l'ensemble de la province de l'Ituri.
"Si on n’arrête pas les atrocités dans la province de l'Ituri, surtout dans les territoires où elles sont commises, on risque d'enregistrer un grand nombre de handicapés dans le futur", a-t-elle averti.
Béatrice Dive a également exhorté les communautés à s'impliquer dans la sensibilisation de leurs frères et sœurs qui ont pris les armes contre la République, afin qu'ils les rendent dans le cadre du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS). Elle estime que cet engagement est crucial pour mettre fin aux hostilités, responsables des nombreux cas de mutilation.
Samuel Atido
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