Ituri : le siège d'une radio vandalisé suite à la diffusion d'une information sur un conflit de pouvoir coutumier
Un groupe de jeunes gens se réclamant de la famille d'un chef déchu a envahi, ce jeudi 22 mai, le siège de la Radio Communautaire Amkeni, située dans le territoire de Mambasa, au sud de la province de l'Ituri. Sur place, ils ont menacé le personnel de la radio jusqu'à enjoindre le technicien de suspendre la diffusion des émissions.
D'après les témoignages de Jules-César Katsipa, secrétaire de rédaction de la radio et victime de menaces, il était recherché pour avoir diffusé une information sur un conflit de pouvoir coutumier, où le chef Swelly Shafiko Tubi s'est vu retirer le commandement de la chefferie de Mambasa au profit d'Alain Taeol Asumani.
« Mon péché est d'avoir diffusé cette décision », a-t-il écrit, tout en sollicitant son évacuation pour des raisons sécuritaires.
Un autre journaliste de Mambasa, dont nous taisons expressément le nom pour des raisons de sécurité, explique que le même groupe d'individus a obligé le technicien de la radio à interrompre la diffusion des émissions. L’un des agresseurs a même rempli le réservoir du générateur de la radio avec du sel de cuisine, un acte perçu comme une violation « flagrante » de la liberté de la presse.
Contacté, le point focal de l'ONG Journaliste en danger (JED) condamne cet acte de vandalisme, qui constitue une violation grave de la liberté de la presse. Il demande que l'auteur soit recherché et puni pour décourager de tels actes.
« C'est inadmissible qu'un jeune se disant de la famille du chef vienne abîmer le générateur de la radio et proférer des menaces contre Jules-César, qui n'a fait que relayer l'information. Que l'auteur de cet acte soit puni sévèrement, même si le chef est en train de régler les dommages causés », a réagi Freddy Upar, point focal de JED en Ituri.
Nos sources rapportent que le chef Swelly Shafiko, dont les membres du camp sont accusés d'avoir causé des dégâts, a réparé le générateur détruit. Toutefois, il a promis de traduire en justice les auteurs, à qui il ne reconnaît pas avoir donné des injonctions pour attaquer le journaliste, ni le siège de la radio.
À noter que de nombreux journalistes sont souvent victimes de menaces et d'agressions dans cette partie de l'Ituri à cause des informations diffusées. JED appelle les autorités à renforcer la sécurité du personnel des médias, qui travaille dans des conditions sécuritaires difficiles.
Samuel Atido, depuis Bunia
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