Haut-Katanga : « Une photo pour la terre », pari réussi pour la première exposition de l’année 2025 à Lubumbashi

Le 5 février 2025, Lubumbashi, une ville située au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), a accueilli la première grande exposition photographique de l’année au Centre d’Art Picha. Intitulée « Une photo pour la terre », cette exposition a réuni cinq artistes photographes autour des enjeux environnementaux du Haut-Katanga, avec un focus particulier sur la ville de Lubumbashi. Israël Nzila, artiste photographe d’origine congolaise, a expliqué que le travail présenté s’est concentré sur les relations complexes entre l’homme et son environnement, en particulier les activités minières.

« Nous avons voulu montrer la cohabitation entre l’environnement et les activités humaines, principalement minières », a-t-il déclaré à la sortie du salon d’exposition.

L’exposition fait suite à un atelier de photographie sur l’environnement qui s’est déroulé du 14 au 24 janvier 2025 à la Halle de l'Étoile de Lubumbashi. Cette rencontre visait à sensibiliser le public aux problèmes environnementaux croissants, exacerbés par l’exploitation minière dans la région.

La photographie environnementale est un puissant moyen de narration visuelle qui capture l’état de la nature, ses transformations et les impacts des activités humaines. Lydia Katanga, l'une des artistes participantes, a présenté une image saisissante d’une femme concassant des scories à Kawama, un site minier de la ville exploité par Ruashi Mining. Son travail se déroule dans un environnement marqué par une pollution intense de l'air, de l'eau et du sol, conséquence des résidus miniers. Par la suite, Lydia Katanga a dénoncé, au travers d'une deuxième photo, la proximité de son lieu de travail et de résidence avec ces substances toxiques, soulignant les risques sanitaires et environnementaux auxquels elle est confrontée quotidiennement.

L’exposition a été un véritable succès auprès des habitants de Lubumbashi, touchés par la qualité des œuvres et le message fort en faveur de la protection de l’environnement. Les spectateurs ont été interpellés par la nécessité de préserver le sol et le sous-sol, un appel à l’action collective.

Jenny Munyongamay, une jeune artiste présente lors de l’événement, a martelé le rôle majeur des artistes dans la sensibilisation à la protection de l’environnement :

« Les projets artistiques doivent avoir un impact positif, car chaque projet doit résoudre un problème. Par exemple, dans la lutte contre la pollution plastique, l’impact de la sensibilisation doit être tangible et positif », a-t-elle expliqué.

Parmi les photographies marquantes de l'exposition, celle d’Ariel Kasongo a particulièrement attiré l’attention. Il a abordé la question de la pollution liée à l’accumulation de déchets miniers près de la Gécamines.

« Mon objectif est de sensibiliser la population vivant à proximité des déchets miniers stockés de manière inadéquate, qui contaminent les sols et les eaux, et représentent un danger pour les habitants des quartiers Mampala et Tshansasa », a-t-il déclaré.

Ghislain Magambo, alias « People », photographe reconnu, a félicité les jeunes artistes pour la qualité de leur travail et a promis son soutien. Il a mis l’accent sur l’importance de ces thématiques qui, selon lui, se complètent harmonieusement :

« Si nous ne prenons pas soin de la société, elle risque de disparaître. Nous avons tendance à rejeter la responsabilité sur les multinationales, mais il faut se poser la question : quelle est notre part dans tout cela ? Ces artistes nous ont montré que nous avons une chose en commun : la lutte contre le réchauffement climatique. »

Rappelons que cette exposition a réuni de jeunes artistes photographes de la ville de Lubumbashi, tels que Lydia Katanga, Nico Wasakwel, Nathan Bushiru, Israël Nzila et Ariel Kasongo. Elle a été rendue possible grâce au projet porté par Israël Nzila, en partenariat avec l’Institut Français et le Centre d’Art Picha.

Paul Claudel Kamukenj

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