Haut-Katanga : Un jeune peintre de 21 ans impressionne avec ses portraits au campus de l’Université de Lubumbashi
Le talent, cette aptitude particulière à exceller dans un domaine, est un atout précieux que chaque individu porte en lui. Si Dieu a doté chaque personne d'un potentiel unique, celui de Dieudonné Ifami Mwananduba semble être l’art. Ce jeune peintre, rencontré le samedi 21 décembre 2024 sur le campus de l’Université de Lubumbashi, fait sensation avec ses portraits saisissants.
En effet, assis sous un manguier, devant le bloc C, il dessine avec une concentration palpable. À ses côtés, un portrait frappant d'une femme, la bouche bandée, les mains ligotées et une chaîne autour du cou, attire l'attention. Ce dessin, symbolisant peut-être la souffrance ou l'injustice subie par certaines personnes, incite les passants, dont certains étudiants, à s'arrêter pour admirer son travail.
Voici son récit, entre anecdotes et inspirations.
De son nom complet, Ifami Mwana Ndaba Dieudonné, ce jeune artiste est originaire de la province du Maniema, dans le territoire de Kabambare, précisément à Bangu Bangu Bahemba. Né le 7 juillet 2003 à Kibangula, Dieudonné est le dernier d’une famille de huit enfants, composée de quatre filles et quatre garçons, dont un décédé.
Parcours scolaire : Un chemin sinueux mais déterminé
Ifami Mwana Ndaba Dieudonné entame sa scolarité à l’école primaire Ahoya en 2010 et obtient son certificat d’études primaires en 2016. En 2017, il rejoint l’Institut Chabani à Kibangula, où il poursuit son parcours jusqu'en 2021, en classe de 4e (actuellement 2e) en option Commerciale et Gestion. C’est à ce moment qu’une rencontre décisive change le cours de sa vie. En 2021, durant les vacances, son père lui annonce qu’il ne souhaite plus qu’il retourne au village. Ce bouleversement le pousse à quitter son coin natal pour Kolwezi, où il poursuit ses études secondaires à l’Institut Anuarite. En 2023, il obtient son diplôme d'État en Commerciale et Gestion.
Un cheminement artistique
De taille moyenne (1,70 m) et au teint clair, Ifami se distingue non seulement par son talent artistique, mais aussi par sa passion dévorante pour l’art du portrait. Depuis sa jeunesse, il dessine avec une certaine facilité et une attention particulière pour les détails. En primaire, déjà, ses dessins attiraient l’attention des enseignants et des élèves, certains y voyant un véritable potentiel. Bien qu’encouragé par certains, il a également dû affronter des critiques qui n’ont fait que renforcer sa détermination.
Le dessin, une passion qui remonte à l’enfance
Son aventure dans le dessin commence dès la troisième année primaire à l’école Ahoya. À cette époque, il réalise de petits dessins qui captivent son entourage. Avec détermination, il poursuit sa passion, dessinant notamment des bandes dessinées. Son rêve est alors de devenir un grand dessinateur et peintre en RDC et d’intégrer l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Cependant, ses ambitions sont bousculées lorsqu’il se retrouve à Kolwezi, où il découvre un genre artistique nouveau : le portrait. Fasciné, il décide de se concentrer davantage sur cette discipline.
Une aventure marquante
Dieudonné évoque avec émotion l’un des moments les plus marquants de son parcours : son départ de son village natal. « Je n'oublierai jamais la façon dont j'ai quitté chez nous. C'était comme un rêve, une blague, dirait-on », raconte-t-il. Après ses études en 4e, il se rend à Kongolo, où son père lui suggère de ne pas revenir à Kibangula. Cela le conduit à rejoindre son frère à Kolwezi. Là-bas, il commence à se faire connaître comme artiste et s’investit dans l'achat de matériel pour perfectionner son art. « Mon frère m’a très bien accueilli, et cela m’a permis de me concentrer sur mes dessins », explique-t-il.
Une expérience amoureuse qui l’a marqué
Il a également vécu une histoire d’amour qu’il considère comme l’une des mauvaises expériences de sa vie. « J’avais aimé une fille. J'ai même négligé mes études à cause de cet amour. Je voulais tout le temps la voir, et j’ai perdu ma concentration », confie-t-il avec une pointe de regret. Aujourd'hui, il préfère se concentrer sur ses passions et éviter les distractions amoureuses.
Interview avec Dieudonné Ifami Mwana Ndaba
Quand avez-vous commencé à dessiner ?
« Depuis la première année de l'école primaire. Mais c'est vraiment en 8e que mes dessins ont commencé à prendre de la profondeur. Les gens autour de moi m’encourageaient et me demandaient même de dessiner pour eux. En 2023, j'ai eu la conviction d’avoir atteint un certain niveau. »
Quand dessinez-vous le mieux ? Et à quel prix vendez-vous vos portraits ?
« Je dessine aussi bien le jour que la nuit, mais c’est la nuit que je me sens le plus concentré, lorsque tout le monde dort. Les prix varient : ici, au campus, les étudiants commandent des portraits pour 10, 15 ou 20 dollars, selon la taille et les détails. »
À quoi servent les revenus que vous tirez de vos portraits ?
« Je réinvestis tout dans l'achat de matériel de qualité, surtout des crayons comme ceux de la marque Faber. Il me reste aussi un peu d'argent pour des dépenses quotidiennes comme les repas ou les frais universitaires. »
Comment êtes-vous arrivé à la Faculté d'Architecture de l’Université de Lubumbashi ?
« À Kibangula, je ne savais même pas qu’il existait des écoles pour apprendre le dessin. Mon frère m’a conseillé d’intégrer la Faculté d’Architecture. Ce domaine, bien que choisi par défaut, m’aide dans mon art, notamment grâce aux notions de dimensions et de plans. »
Quel est votre principe de vie ?
« Le silence est le maître d'œuvre. Dans le calme, l’esprit peut créer et imaginer sans limite. »
Puisse cette histoire inspirer la vie des certains jeunes congolais.
Rédigé par Paul Claudel Kamukenj, à Lubumbashi.
Commentaires (1)
Bonjour Paul Claudel merci de nous faire parvenir ce texte qui encourage et donne une bonne leçon à nos jeunes d'aujourd'hui, de loin j'encourage mon petit de kibangula