Édito : Tshikapa, trois mois dans le noir, trois mois d’indifférence

Voilà bientôt trois mois que Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï, vit au rythme des ténèbres. Depuis la fin du mois de mai 2025, plusieurs quartiers sont privés d’électricité. Et pourtant, le silence assourdissant de la société privée Électricité du Congo (EDC) face à cette crise continue d’agacer et de révolter.

L’électricité n’est pas un luxe. Elle est devenue une nécessité vitale pour chaque ménage et un moteur de développement pour toute la ville. Quand la lumière s’éteint, c’est l’activité économique qui s’étrangle, les denrées alimentaires qui pourrissent, les appareils électroménagers qui se grillent et les familles qui replongent dans l’insécurité. Tshikapa en paie aujourd’hui le prix.

La centrale de Lungudi, obsolète et mal entretenue, est pointée du doigt. Mais ce qui choque davantage, c’est l’absence totale de communication. Une société digne de ce nom aurait pris soin de prévenir, d’expliquer, voire de proposer des solutions provisoires. À défaut, elle aurait au moins eu la décence d’informer ses abonnés par voie de presse, de radios locales ou de réseaux sociaux. Rien de tout cela. L’EDC se mure dans un mutisme coupable.

Pis encore, dans une ville où le raccordement électrique se paie au prix fort — près de 800 dollars pour un compteur individuel, auxquels s’ajoutent les frais mensuels de location et les taxes —, la population a le sentiment amer de payer pour un service fantôme. Comment justifier qu’après de tels sacrifices financiers, les abonnés soient traités avec tant de mépris ?

Face à cette situation, l’autorité provinciale ne peut plus rester spectatrice. Son rôle n’est pas de compatir, mais d’agir. Le gouverneur et les instances compétentes doivent s’impliquer sans délai pour contraindre l’EDC à assumer ses responsabilités, moderniser ses installations et restaurer la confiance perdue.

Tshikapa n’a pas besoin de discours creux. La ville réclame des solutions. Elle exige la lumière.

La rédaction

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