Campus ULPA Gbadolite : presque tout le comité de gestion suspendu

La mission de contrôle entamée depuis quelques mois dans les campus ULPA des provinces du Grand Équateur, notamment à Gbadolite, chef-lieu de la province du Nord-Ubangi, s’est transformée en une véritable chasse aux sorcières.

L’issue de ce contrôle a abouti à la suspension de presque tous les membres du comité de gestion du campus, dont le vice-recteur, le secrétaire général académique, le secrétaire général administratif, l’administrateur du budget et la trésorière.

D’après une mission d’enquête effectuée par l’Inspection du travail, plusieurs irrégularités ont été constatées dans le traitement des agents et du personnel de cette université chrétienne. À cette occasion, M. Jacques-Junior Muzambo, président national de contrôle de l’ULPA, a été invité dans les bureaux de l’Inspection ce lundi 2 juin pour fournir des explications claires.

De l’autre côté, la société civile du Congo fustige le fait que le PCA de l’université ait procédé à une suspension de masse, alors qu’il suffisait, selon elle, de cibler les fautifs et de laisser les autres en place.

"Il aurait fallu identifier les fautifs et les sanctionner. Suspendre tout un comité, c’est un vice de procédure. Il faut dire qu’il s’agissait de remplacer l’équipe dirigeante, mais on a préféré se cacher derrière un contrôle. D’ailleurs, un contrôleur en mission ne peut prendre que des mesures conservatoires en cas de flagrance. Toute faute n’est pas nécessairement passible de suspension. Le législateur a prévu des blâmes, des demandes d’explications, des mises à pied… Nous conseillons au gestionnaire de cette institution de clore ce dossier au plus vite. Sinon, il risque de fragiliser cette université", a déclaré le président provincial de la société civile du Congo.

Un membre du comité de gestion suspendu, ayant requis l’anonymat, avance les raisons suivantes :

"Ce qui a causé notre suspension, c’est que nous avons voulu voir clair sur la fameuse bourse promise aux étudiants, qui, visiblement, ne sera jamais octroyée. Le conseil d’administration s’immisce même jusqu’à réclamer les frais d’enregistrement, pourtant destinés à l’organisation des examens. La prise en charge du personnel et le loyer sont reportés sur le dos du campus. Quand nous avons voulu en parler, on nous a brandi l’ANR, la présidence... C’est du trafic d’influence, oubliant tous les sacrifices que nous avons consentis."

Même certains étudiants se disent très déçus par le comportement du contrôleur :

"Nous sommes une nouvelle institution. Ce genre de comportement ne va pas permettre à notre université d’aller de l’avant. Il doit mettre un peu d’eau dans son vin. C’est comme cela que l’université de l’Ubangi a disparu ici à Gbadolite à cause d’une mauvaise gestion des ressources humaines. Qu’on nous dise clairement les choses dès maintenant, afin que nous ne perdions pas notre temps inutilement", a indiqué un étudiant, lui aussi sous couvert d’anonymat.

Notons par ailleurs que l’ULPA est une université privée agréée, qui compte 137 campus disséminés à travers les provinces de la République démocratique du Congo. Le campus de Gbadolite vient tout juste de voir le jour en cette année académique 2024-2025.

Ruben Ndagi, depuis Gbadolite


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